L’écrivain Slimane Saadoun vient de publier son nouveau roman intitulé «A bout de rêves, aux éditions Médias Index. Cette œuvre traite d’une thématique aussi complexe que poignante, plongeant le lecteur dans la réalité d’une bourgade nommée Aguemoun n’Lhif, où la misère et le désespoir semblent avoir étouffé tout espoir de jours meilleurs.
L’histoire met en scène des personnages jeunes, pour qui l’horizon semble se rétrécir jour après jour, les laissant en proie à une sinistre résignation. Saadoun nous fait pénétrer dans leurs vies, tissées de rêves brisés et d’un avenir qui paraît inaccessible. Coincés dans leur morose village, ces jeunes personnages font face à l’oppression du quotidien, tiraillés entre l’envie de fuir vers des horizons plus cléments et l’acceptation d’un destin qui semble scellé d’avance.
«J’ai essayé de rester ancré dans un réalisme cru, car il s’agit de raconter des traumatismes vécus par beaucoup de jeunes, notamment ceux âgés entre 30 et 40 ans. Le récit s’étale sur plus d’une dizaine d’années, dont les racines remontent à la décennie noire», fait-il savoir. Ainsi, même les personnages du roman portent des noms faisant référence au désespoir et à la mal-vie.
L’auteur confie également que l’écriture du roman a été motivée par les observations qu’il a pu faire durant la pandémie de Covid-19. Il avait remarqué, entre autres, un net ralentissement de l’immigration clandestine suite au mouvement populaire du hirak, laissant entrevoir un regain d’espoir pour des jeunes désabusés. Avant de se mettre à la rédaction, Saadoun s’est lancé dans une quête pour comprendre les aspirations et les déceptions de cette jeunesse, allant jusqu’à rencontrer ceux qui avaient un jour tenté de prendre le large illégalement, avant de renoncer in extremis.
A bout de rêves n’est pas seulement une œuvre de fiction réaliste, c’est aussi une critique du conservatisme de la société kabyle, en particulier envers la condition féminine. L’intérêt marqué de l’écrivain pour le thème de la femme dans son travail n’est en rien une nouveauté. Dans ce roman, c’est justement la femme qui sauve, inspire et transforme la vie des jeunes personnages principaux, grâce à sa détermination, son courage et son amour inconditionnel. Au-delà de cela, l’auteur souligne un point crucial auquel étaient confrontés les personnages : «Etre confronté aux bourreaux d’hier qui, contre toute attente, finissent par réussir leurs vies, pourrait même pousser au suicide».
Cependant, c’est cette prise de conscience douloureuse qui agit comme un déclic salvateur pour eux. Ils réalisent alors que le salut ne réside ni dans la fuite éperdue ni dans la résignation, mais bien en eux-mêmes, en leur capacité à surmonter les épreuves et à se reconstruire. Slimane Saadoun a édité plusieurs œuvres, notamment des poèmes intitulés Soleil d’outre-tombe, un recueil de nouvelles nommées Femme de pierre, ainsi que des romans, tels que Le puits des anges, Le retour d’Ibn Tumert et un récit sur Lalla Fatma N Soumer intitulé Lalla n Ouedja. Il a également terminé la rédaction d’un nouveau roman qui sera publié prochaineme.
Source : https://elwatan-dz.com/