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Lakhdar Hamidatou à El Moudjahid : «Il faut des passerelles avec la sphère économique»

Considérant sa réalisation comme étant la parfaite illustration des fruits des réformes engagées par les autorités publiques pour créer un environnement scientifique stimulant, Lakhdar Hamidatou, ingénieur en énergétique à l’École nationale polytechnique de Constantine (ENPC), lauréat du prix ENI Awards 2024 dans la catégorie «Jeunes talents d’Afrique», a expliqué, à El Moudjahid, que la libération du potentiel d’innovation à l’université passe impérativement par la création de passerelles entre les universités et le monde de l’industrie.

El Moudjahid : Vous êtes le premier Algérien à remporter ce prix et le seul d’un pays arabe dans cette édition. Pourriez-vous nous parler du projet lauréat, ainsi de votre carrière de chercheur ?

Lakhdar Hamidatou : Le problème de la température élevée des panneaux photovoltaïques est un obstacle à l’optimisation de leur performance, ce qui entraîne un énorme gaspillage d’énergie, des dommages aux installations photovoltaïques et la perte de sommes colossales d’investissements dans ce domaine. Notre projet est une innovation visant à améliorer l’efficacité des panneaux photovoltaïques en les refroidissant à l’aide de la technologie de refroidissement dite Passive (Passive cooling), qui s’appuie sur des matériaux à changement de phase pour obtenir les plus hautes performances d’énergie renouvelable dans des environnements à haute température. Ce projet innovant et, respectueux de l’environnement, est une solution commerciale et créative. Il offre également des avantages qualitatifs pour son intégration avec tous les systèmes de production d’énergie, ce qui en fait le seul produit au marché avec lequel il n’est pas possible de rivaliser directement.

Ce prix est un moment de reconnaissance de l’effort personnel, mais aussi du rôle efficace de l’accompagnement académique et des conditions de recherche…

L’idée de travailler sur ce kit de refroidissement a vu le jour en étant en contact direct avec des entreprises spécialisées dans la fabrication de panneaux photovoltaïques. On nous expliquait que des problèmes techniques surviennent sur les panneaux photovoltaïques dans le sud du pays, où les températures en été peuvent dépasser 50°C, ce qui affecte l’efficacité de ces panneaux. Notre recherche reflète une longue histoire de travaux dans les domaines de la gestion de l’énergie thermique et de l’efficacité énergétique. Ce voyage scientifique et intellectuel comprenait plusieurs centres de recherche, en plus d’expériences académique sur le terrain et d’autres stages de formation, où mes centres d’intérêts se sont concentrés sur les technologies énergétiques innovantes et les solutions durables. Bien sûr, ce sacre est le résultat d’un immense effort personnel, mais le rôle important de l’accompagnement et du soutien académique que j’ai reçu de mes encadrants, professeurs et collègues de l’École nationale polytechnique de Constantine ne peut être négligé. L’environnement universitaire stimulant, qu’il s’agisse des opportunités de recherche, ou d’orientation et de supervision académiques, a contribué, de manière significative, au développement d’idées et à la mise en œuvre de projets de recherche. Sans ces conditions favorables et ce soutien, je n’aurais peut-être pas pu atteindre ces résultats. Cette invention a nécessité des mois et des journées entières de recherches en laboratoire. Permettez-moi d’adresser, à travers les colonnes d’El Moudjahid mes remerciements au professeur Yacine Kabar, pour son soutien constant tout au long de ce projet.

Le président de la République a récemment instauré un prix pour le chercheur innovant. Selon vous, quelles sont les conditions pour libérer le potentiel de la créativité et l’innovation à l’université ?

La libération du potentiel de la créativité et l’innovation à l’université passent impérativement par la création de passerelles et le renforcement de la coopération entre les universités et le monde de l’industrie. Ce qui est un facteur important pour transformer les idées de recherche en applications pratiques et en solutions disponibles.
La concurrence académique et l’esprit de compétition scientifique est une bonne incitation pour nos jeunes talentueux. Je considère que la réflexion sur des projets, idées et visions à long terme et l’impact économique industriel des projets académiques sont également un facteur déterminant pour créer un environnement stimulant et surtout exempt de slogans résonants.

T. K.

Source https://www.elmoudjahid.com/