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Cela s’est passé le 1er novembre 1954 à Oran

Que s’est-il passé à Oran la nuit du 1er novembre ? Une question que nous avons posée à l’historien Fouad Soufi l’un des grands spécialistes de l’histoire de la guerre de libération et ex-sous-directeur des Archives nationales. Pour répondre à cette question, l’historien nous a invités à nous intéresser au parcours glorieux du chahid Cheriet Ali Chérif, guillotiné le 28 janvier 1958, à cinq heures du matin dans la prison à Oran. Pour notre interlocuteur cette date est un repère important d’un évènement peu connu, ou plutôt, peu abordé par les sphères académiques s’intéressant à l’histoire de la Révolution, en dehors d’Oran et de l’Oranie. Une histoire qu’il a documentée dans ses écrits il y a de cela 30 ans, confie l’historien. Selon les informations fournies par notre interlocuteur, il s’agit d’une action d’un groupe de fidaïs à Oran placé sous les ordres de Hadj Benallah, lui-même était sous les ordres de Larbi Ben M’hidi. Ce groupe qui était, alors, dirigé par le chahid Cheriet Ali Chérif, s’apprêtait dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre à mener une attaque contre une caserne implantée dans le quartier d’Eckmühl, (aujourd’hui haï Mahieddine) d’Oran pour ensuite récupérer un important arsenal d’armes. Ce soir là, la sentinelle, qui était un soldat algérien qui faisait son service militaire, devait initialement leur donner un coup de main dans cette opération en leur ouvrant la porte de l’une des entrées parallèles de la caserne où il devait assurer le service de garde. Contre toute attente et calculs, ce soir là, le soldat en question n’était pas de service et non plus présent sur place, contrairement, à ce qu’il avait promis de faire, rapporte Fouad Soufi. Il poursuit, qu’entre-temps, ce groupe de fidaïs, avait pris un taxi à l’ex-place d’Armes, actuellement la place 1er-Novembre, à l’heure de la sortie des salles de cinéma, car explique-t-il, ces fidaïs qui étaient ensemble, ne voulaient pas éveiller les soupçons des Français. Aux environs de 23h15 – 23h30, le 31 octobre et après avoir pris un taxi (une frégate), ils sont arrivés sur les lieux de l’opération et n’ont pas trouvé le soldat qui devait leur ouvrir la porte de la salle pour entrer dans la caserne. Celui-ci avait été remplacé par une autre sentinelle. Le groupe des fidaïs ont décidé de s’emparer du taxi pour aller rejoindre le groupe d’Ahmed Zabana qui se trouvait à Sig, le chauffeur de taxi (un juif français), qui s’appelait Samuel Azoulay, a fortement résisté et a refusé de leur laisser la voiture, il a fini par être abattu par le groupe notamment leur chef en l’occurrence ; le chahid Cheriet Ali Cherif. Fouad Soufi, souligne que seul le journal de l’époque Algérie républicain a fait part cet évènement en évoquant une affaire de meurtre d’un chauffeur de taxi tué par ses clients à Oran. Selon Fouad Soufi, dans cette histoire, il y a un détail important à retenir : « On ne réveille pas le préfet parce qu’un chauffeur de taxi avait été tué par ses clients. La police française avait pris et a présenté cet évènement comme une affaire de règlement de compte, ce n’est qu’après qu’elle a fait le lien avec ce qui se passait ailleurs dans les autres villes car ils ont retrouvé, par la suite, certains de ces fidaïs avec le groupe d’Ahmed Zabana à Boujlida, là où ils avaient été blessés et avant qu’ils ne soient arrêtés et torturés et puis jugés en décembre1955 », rapporte l’historien. Cheriet Ali Chérif et l’un des frères Fettal ont été condamnés à la peine capitale par le tribunal militaire français le 18 décembre 1955 et furent transférés à la prison d’Oran. Les autres membres du groupe ont été condamnés à des peines de prison. Cependant, seul le chahid Cheriet Ali Chérif sera guillotiné à la prison d’Oran en janvier 1958, après 36 mois passés dans les couloirs de la mort. Selon l’historien, certains détails de cette affaire ont été révélés lors du procès et d’autres par les membres de ce groupe qui ont survécu. Dans un article publié par l’APS en janvier 2024, à l’occasion de la commémoration du 66e anniversaire de l’exécution de Cheriet Ali-Chérif, le martyr et héros Cheriet Ali-Cherif était le dernier chahid guillotiné par la France coloniale le 28 janvier 1958. Il a été exécuté avec son compagnon de cellule, le martyr Salmani Chaâbane.

A. S.

Source : https://www.elmoudjahid.com/